Montserrat, rencontre avec requin!
Une courte nav' de 25nm au largue avec 20nds de vent nous amène à Montserrat le vendredi 11 avril. Cette île britannique autonome comptait 12 000 habitants en 1997, année de l'éruption volcanique. Désormais, après l'émigration massive, la population n'est plus que de 4 800 habitants! Tout le sud de l'île est classé en zone d'exclusion. Le volcan étant de meilleure humeur depuis 5 ans, un énorme projet comprenant des hôtels, une marina, des logements... a vu le jour et les alentours du mouillage de Little Bay au nord de l'île, sont un énorme chantier. Le bon côté, pour nous, c'est que l'île est peu touristique et les locaux incroyablement "cool". Le stop est quasi-automatique: à peine le pouce levé, on se retrouve les cheveux au vent à l'arrière d'un pick-up ou à deux sur le siège passager.
Vue sur le mouillage de Little Bay
Les bus scolaires jaunes, comme dans les films américains
L'île est très verte, tout en étant sèche (au moins à cette saison quand il n'a pas plu depuis plusieurs jours!) et les balades dans les forêts nous enchantent. De retour de promenade, nous profitons du concert de Reggae...
Balade en forêt
Petite église
Retour en stop
Cette île nous a définitivement charmés et peut être dangereuse: nous avons croisé de nombreuses personnes qui prétendent être arrivées ici par hasard et y sont restées!
Il y a quand même de mauvais côtés: le mouillage est rouleur et les autorités (souriantes et courtoises) sont parfois casse-pieds: bien qu'étant en règle au niveau des formalités d'entrée, des policiers sont venus nous voir au bar en nous ordonnant de reprendre notre kayak sur la plage et de passer systématiquement par les quais à l'autre bout de la baie afin de mettre pied à terre via la zone sécurisée (grillagée) du port. C'est la première fois qu'on nous interdit d'accoster directement sur une plage.
Un détail "pratique" qui séduit les plaisanciers de passage que nous sommes: les sanitaires super propres et gratuits sur la plage (ouverts de 10h à 18h). Habillage des mûrs en bambou et pour remplacer la pomme de douche, un coquillage (un lambi). Pour la pointe d'humour, les indications "boys" et "girls" sont remplacées par les quasi-homonymes "buoys" ("bouées" en français) et "gulls" ("mouettes" en français).
Avant de quitter l'île-village, nous allons plonger en espérant ramener à manger. L'eau est très claire, on y trouve des tortues, des raies, des poissons aux ailes bleues... et un requin nageant à la surface dans 8m de fond et à 20m du bord. Enfin, on croit vraiment que c'était un requin, même s'il n'avait pas la tête "traditionnelle" et une petite bouche. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise avec palmes, masque et tuba (et aussi fusil et couteau dans mon cas), un poisson de la taille d'Ophélie et probablement beaucoup plus lourd! J'avoue qu'on ne faisait pas les malins. De manière générale, je n'aime pas trop quand un poisson ne bouge pas quand on s'approche (même quand il s'agit d'un barracuda d'1m20 comme au Gosier en Guadeloupe)! Entre ça et une piqûre de méduse, nous rentrons bredouilles. Pas grave, on sort un thon jaune de 3kg quelques miles après avoir levé l'ancre.
La pêche est bonne
Nevis et Saint-Kitts, le plus petit pays des amériques en popuplation et territoire!
Le lundi 14 avril, après avoir mis le thon en steaks au frigo, nous envoyons le spi pour rejoindre Nevis par mer calme. Nous passons sous le vent de la Redonda, un caillou avec une histoire de roi: inhabité (mis à part pendant l'exploitation d'une mine de phosphate), un irlandais l'annexa et s'y prétendit roi puisque personne n'avait revendiqué le caillou. Et voilà, le roi de la Redonda, règnant sur 0 sujet.
Vue sur l'îlot de la Redonda depuis Montserrat
Nous passons rapidement sur Nevis, les gens sont aussi gentils qu'ailleurs mais les autorités désagréables et coûteuses. Nous avons payé en tout 130 EC$ (à comparer aux 35 EC$ pour Montserrat) pour ne rester que quelques jours à Nevis et St-Kitts.
Nevis vue du mouillage
Nous mettons vite le cap sur St-Kitts juste à côté. Nous mouillons au nord de Guana Point près de Ballast Bay. Très charmant, belle plongée sur épave et belle balade.
Sand Bank Bay, facilement accessible depuis le mouillage
Pendant la balade, on croise une dame qui nous ordonne plus ou moins de revenir le 13 décembre (jour de son anniversaire) pour nous marier! On évite d'expliquer que nous ne sommes ni anglicans, ni évangélistes, ni catholiques, ni témoins de Jéhovah, ni méthodistes, ...
Le 16 avril, nous nous approchons de la capitale (Basseterre) pour y faire les formalités de sortie et tailler la route vers Saba le lendemain. La houle qui contourne l'île rend le mouillage extrêmement rouleur. On met une deuxième ancre pour se tenir face à la houle et donc travers au vent. Fastidieux mais efficace! C'est bizarre d'être à 90° des autres bateaux au mouillage mais du coup notre 32 pieds roule moins que les 50 pieds.
Eglise à Basseterre
Saba, l'escale manquée
Le 17 avril, le vent monte, on file vers Saba. Sur la route nous ne pêchons qu'un barracuda que nous relâchons par crainte de la ciguaterra. Il est écrit partout que c'est le poisson à ne pas manger. Dommage parce que c'est vraiment bon! Nous arrivons vite avec les dauphins.
Arrivée à Saba
L'île est magnifique, très abrupte et très sauvage. Malheureusement, il n'est pas facile d'y accoster et la houle n'arrange rien. Nous passons d'abord devant l'unique petit port (où nous devons faire la clearance) mais celui-ci ne nous inspire pas confiance. Nous continuons du coup jusqu'au mouillage à l'ouest où nous croisons Chimère, un Glénan 33 en alu et deux autres bateaux. C'est tout. Nous prenons le dernier corps-mort. L'endroit est très sauvage et le soleil se couche. Aucun signe de vie à la VHF, on verra demain pour se présenter aux autorités.
La côte escarpée
Le lendemain, bien que voyant la houle qui monte, on décide de rejoindre l'île en kayak et en maillot de bain avec les vêtements dans le sac étanche. En arrivant près des galets, et après 10-15min de réflexion, on rebrousse chemin. Entre la côte abrupte, les vagues et les gros galets piégeurs de chevilles, ça nous semble la meilleure option. Il faut venir à Saba soit par temps très calme, soit en mode combat, ou bien en avion ou ferry! Il est tôt, tant pis pour Saba, nous partons directement pour Saint-Martin. Un peu plus de 30nm dont 25nm au bon plein dans 2/3m de houle avec 25nds de vent. Rapide mais humide! On ferme la descente, on passe les cirés et c'est parti.
Arrivée à Saint-Martin
Le 18 avril, bien soufflés et salés, nous arrivons au mouillage à Marigot. On se trouve un endroit très calme (cool après les derniers mouillages) et on croise tour à tour un solitaire croisé au Cap-Vert puis en Martinique, Sev et Mathieu ainsi que Fabrice et Caroline avec qui nous étions à Deshaies en Guadeloupe. Et, surprise, Laurent de Gorban, que nous avons rencontré au début du voyage à Machico sur l'île de Madère, vient nous saluer au bateau!
Détail amusant: on marche dans la rue commerçante. Tout est fermé. En interrogeant une passante, nous apprenons que le vendredi de Pâques est férié! Nous avons le chic pour arriver pendant l'un des 11 jours fériés supplémentaires des Antilles. Nous étions arrivés à la marina de Pointe-à-pitre en Guadeloupe le jour de la mi-carême...